La récente pandémie a popularisé le télétravail et certain•e•s employé•e•s souhaitent pouvoir faire leurs tâches à partir de l’étranger. Si l’on comprend d’emblée l’appel d’une telle situation — qui ne rêve pas de chaleur et de plages au mois de février? — les employeurs et employé•e•s doivent la traiter avec circonspection.
Dans la très grande majorité des cas, vous pouvez refuser qu’un de vos salariés travaille de l’étranger. Mais ce n’est pas toujours à votre avantage. Pour certains talents, la possibilité de passer quelque temps à l’extérieur du pays tout en continuant de gagner sa vie est une perspective alléchante et motivante. Cela peut aussi vous permettre de tester des marchés, de créer des rencontres, de participer à des événements autrement hors de portée, etc.
Si vous croyez que votre entreprise se prête à ce type de demande, le mieux est de vous y préparer afin de bien encadrer ce genre de télétravail qui peut avoir plusieurs conséquences sur votre compagnie et sur la productivité du salarié.
En gros, vous devriez réfléchir à :
- Quels emplois peuvent être pratiqués de l’étranger : ce ne sont pas tous les postes qui s’y prêtent.
- La durée maximale de séjour : cela peut avoir des incidences fiscales. Aussi, si plusieurs de vos employés veulent vivre cette expérience, jalonner la durée peut permettre à plus de personnes d’en profiter. Certaines entreprises limitent ce temps à 30, voire 60 jours.
- Les pays où il est permis de voyager : il peut y avoir des incidences fiscales, de sécurité et de faisabilité.
- L’horaire sur place : en fonction du décalage horaire.
- La responsabilité quant aux outils de travail : qui fournit quoi? Comment protéger vos informations critiques, etc.
Des conséquences fiscales
Un•e employé•e qui s’installe à l’étranger pourrait créer une présence imposable pour votre entreprise. En effet, le pays hôte pourrait considérer que le bureau du salarié représente un établissement de la compagnie et que cette dernière doit lui payer des impôts. Il est possible que vous ayez à remplir certains formulaires pour vous conformer et que cela augmente la paperasse. Certains avantages sociaux, comme une assurance médicaments, par exemple, pourraient ne pas fonctionner à l’étranger.
Inversement, un salarié à une résidence fiscale : c’est le pays où il doit payer les impôts sur ses revenus. Or, un voyageur-travailleur qui ne se renseigne pas adéquatement pourrait se retrouver avec deux résidences fiscales, une au Canada et une autre dans le pays où il travaille, ce qui lui ferait verser deux fois des impôts sur ses revenus.
Certains pays ont des ententes avec le Canada qui évitent ce genre de situation. Il peut donc être avantageux de les privilégier, voire d’exiger que les employés qui souhaitent travailler ailleurs qu’au Canada les choisissent.
Des conséquences sur l’organisation du travail
Le décalage horaire, la qualité de la connexion Internet et la sécurité relative de la région où l’employé souhaite s’installer sont aussi des variables à prendre en compte. Un décalage important et une mauvaise connectivité rendent les rencontres difficiles, voire impossibles.
La concentration peut rapidement devenir un enjeu pour un travailleur à l’étranger. La tentation de découvrir les alentours plutôt que de rester devant son ordinateur peut être forte. S’entendre sur un horaire et les attentes en matière de productivité est essentiel.
Des conséquences sur la sécurité
Une criminalité importante peut devenir une source de distraction et de stress. Certains pays sont aussi considérés comme dangereux au niveau de la cybersécurité. Si votre employé doit constamment travailler avec des données confidentielles, il est raisonnable de limiter son voyage à certaines régions. Il y a également le risque de se faire voler : il faut s’assurer que les informations soient bien cryptées, qu’elles soient protégées par un mot de passe fort et éviter qu’elles soient imprimées sur papier. Si votre salarié doit posséder du matériel valant très cher pour faire son travail, mieux vaut prendre de bonnes précautions. Encore là, il est important de responsabiliser vos employé•e•s.
Si vous offrez à vos employé•e•s la possibilité de travailler à l’étranger, vous saurez certainement vous distinguer auprès de candidats potentiels. Mais pour que tout se déroule rondement, n’oubliez pas que la planification est la clé.
