Dans l’imaginaire collectif, un•e entrepreneur•e est une personne qui se dévoue corps et âme à ses affaires. Il ou elle n’hésite pas à cumuler les heures afin de bâtir une structure pérenne capable de croître.
Or, ces dernières décennies, une nouvelle figure de l’entrepreneuriat s’est popularisée : l’entrepreneur•e lifestyle. Il ou elle se lance en affaires pour se donner les revenus nécessaires à soutenir un projet de vie. Parmi ses préoccupations, on retrouve l’accomplissement personnel, les relations avec la famille et les amis et un certain mode de vie.
Ce genre d’entrepreneuriat a la cote, particulièrement auprès d’une plus jeune génération qui y trouve une façon de travailler sans les contraintes ordinairement liées à une occupation plus traditionnelle. À l’inverse, plusieurs voient cette façon de mener ses affaires comme un mirage qui cache une réalité beaucoup plus difficile.
Qu’en est-il au juste? On vous propose de nuancer quelques notions autour de ce concept.
Nuance 1 : plus de liberté
C’est vrai qu’en modelant votre compagnie autour de votre vie sociale et familiale, vous pourrez plus facilement leur octroyer du temps. Si vous développez une entreprise qui demande un ordinateur portable et l’internet pour être dirigée, vous n’êtes pas nécessairement liés à un lieu et pourrez voyager tout en veillant à vos affaires.
Par contre, il est faux de croire que vous aurez une liberté totale. Il y aura encore du travail à faire, des requêtes de client•es à satisfaire et des échéanciers à respecter. Selon les occasions qui se présentent, votre horaire peut devenir imprévisible. Garder ce temps de qualité peut exiger d’avoir la discipline de refuser certains contrats.
Nuance 2 : générer assez de profit pour soutenir son style de vie
Dans son essence même, l’entreprise lifestyle n’a pas comme objectif premier le profit. La compagnie prend davantage le rôle d’appui à un mode de vie que celui d’une structure capable de croître et de générer toujours plus de richesse. S’il est possible d’engranger de l’argent avec ce type d’entreprise, il se pourrait que celle-ci ne rapporte pas assez de revenus pour soutenir le style de vie recherché. La taille du salaire y est souvent proportionnelle à l’effort qu’on y met. Si la quantité de travail requise pour vivre convenablement ne permet plus de profiter des avantages de ce modèle d’affaires, peut-être vaut-il mieux se tourner vers une forme plus traditionnelle.
Nuance 3 : continuer de faire ce que l’on aime
Un des dangers qui guettent l’entrepreneur•e traditionnel•le est qu’il cesse de faire l’activité qui le passionne pour passer tout son temps en gestion. Le créateur de mode qui adore coudre pourrait en venir à déléguer cet aspect de la production pour gérer ses ressources humaines, trouver du financement et développer ses affaires.
En ne se munissant pas d’une lourde structure, l’entrepreneur•e lifestyle garde ses mains dans la pâte. Cela a l’avantage de conserver un meilleur contrôle sur les produits et leur qualité tout en continuant de s’améliorer dans ce qu’on aime faire.
Nuance 4 : faire croître son entreprise
Si une certaine croissance est possible et souhaitable pour les entrepreneur•es lifestyle, une limite supérieure est souvent nécessaire pour préserver le style de vie désirée. Ce genre d’entreprise n’attire pas les investisseurs et ne comprend généralement que peu (ou pas) d’employé•es, ce qui est aussi un frein évident à ses possibilités de croissance.
Cela peut s’avérer un problème en planification de retraite. Si on peut toujours contribuer à un REER, on peut rarement miser sur la vente de la société pour financer ses vieux jours.
Comme tout type d’entrepreneuriat, le modèle lifestyle n’est pas sans risque. Cela ne signifie pas pour autant qu’il n’est pas viable ni qu’un•e entrepreneur•e ne peut pas changer son fusil d’épaule en cours de route. Il faut simplement bien comprendre toutes les implications et avoir une vision réaliste de ce que l’on veut accomplir.
